La France connaît une augmentation significative de la production d’énergie éolienne, avec une part de marché de la consommation électrique à 8,3% en 2022. Cependant, derrière cette moyenne nationale se cachent des disparités, catalyseurs d’opportunités pour les Bouches-du-Rhône.

Vous en avez sans doute déjà croisé dans votre vie. Ces grands mâts et leurs pâles rotatives qui jouxtent les routes et créent un contraste saisissant avec la nature environnante. Ces moulins à vent du XXIe siècle défraient régulièrement la scène politico-médiatique. Stéphane Bern, vent debout contre ces “fléaux”, avait ravivé la rhétorique anti-éolienne qui avait gagné le débat public. Pourtant, aujourd’hui, le réchauffement climatique oblige les pouvoirs publics à développer massivement des énergies renouvelables, dont l’éolien.

Des dispositions européennes qui encouragent les initiatives nationales

L’éolien, qui constitue un axe important de la Stratégie Nationale Bas-Carbone a connu un essor important. Deuxième source de production d’électricité renouvelable après l’hydraulique, la France compte près de 9500 éoliennes affichant une production de 9% d’électricité en France, soit une multiplication par deux en moins de sept ans. À l’échelle européenne, la Commission européenne a initié un programme de soutien à l’industrie éolienne et prévoit également des mesures anti-dumping. Pour Bruxelles, l’objectif est d’atteindre une part de 42,5 % d’énergie renouvelable dans la consommation énergétique totale d’ici 2030.

L’adoption de la loi de transition énergétique votée en 2015, a marqué un tournant dans la politique énergétique nationale. En collaboration avec le Stratégie nationale bas carbone, cette loi, accompagnée de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), constitue le pilier de l’approche énergétique nationale. Toutefois, malgré cette progression nationale, de fortes disparités locales persistent. Le Plan climat-air-énergie territorial (PCAET) émerge comme un instrument essentiel de planification stratégique et opérationnelle, offrant aux collectivités la possibilité de traiter de manière globale les enjeux liés à l'air, à l'énergie et au climat au sein de leur territoire. Imposé à certaines métropoles et intercommunalités, le PCAET trace les contours des actions à entreprendre, définissant ainsi les orientations stratégiques sur le territoire de l'intercommunalité ou de la métropole.

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D’un département à l’autre, l’énergie éolienne revêt une réalité différente

Le Nord et particulièrement les Hauts-de-France se positionnent comme leaders dans la production électrique éolienne avec pour dauphin la région Grand Est. En revanche, la nette fracture Nord-Sud du territoire est un frein à l’élan national quant au déploiement des énergies renouvelables. Cette disparité peut en partie s'expliquer par des conditions météorologiques divergentes car les régions septentrionales bénéficient d'une situation climatique favorable.

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La maîtrise de l'énergie éolienne repose sur la compréhension précise des caractéristiques du vent. La performance d'une éolienne est étroitement liée à la vitesse et à la fréquence des vents sur un site donné. Un emplacement avec une moyenne de vents de 30 km/h sera environ huit fois plus productif qu'un site présentant une moyenne de 15 km/h. Parallèlement, d'autres facteurs tels que la nature du sol pour les fondations et la connexion au réseau électrique jouent un rôle déterminant dans la viabilité d'un projet éolien.

Le mistral perdant ?

L'Aude se distingue comme une exception en tant que seul représentant du sud parmi les bons élèves du marché de l'éolienne. Le département se caractérise par un nombre significatif de ces structures, tandis que les Bouches-du-Rhône semblent en retrait dans ce domaine. Bien que les Bouches-du-Rhône soient reconnues pour leur mistral balayant le littoral, le département ne semble pas jouer un rôle majeur dans la transition écologique. Malgré une superficie de 6,139 km² pour l'Aude et 5,087 km² pour les Bouches-du-Rhône, une différence de seulement 1000 km² et des indices de vent comparables, une disparité frappante se dessine dans l'implantation des éoliennes.

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Les politiques publiques entre les deux départements sont, elles, révélatrices de ces disparités importantes. À l’échelle territoriale, de nets bénéfices sont observables à l’instar des retombées fiscales qui s’élèvent à 13,3 milliards pour l’Occitanie contre 0,9 milliard pour la région PACA. De même, l’implantation de telles installations et des filières liées à l’éolien ont généré plus d’emplois. Une denrée rare pour la dynamisation des territoires amenant un total de 2796 emplois pour l’Occitanie contre seulement 989 emplois pour la région PACA. La présence accrue d’éoliennes sur un territoire participe fondamentalement à son attractivité économique. Les départements tels que l'Aude montrent la voie, illustrant comment un engagement précoce peut faire la différence dans la course vers un avenir énergétique plus durable.

Un nouvel horizon possible pour les Bouches-du-Rhône

Les données suggèrent que des politiques publiques plus cohérentes et des efforts d'aménagement du territoire ciblés pourraient stimuler davantage le déploiement de parcs éoliens. Si les territoires des Bouches-du-Rhône annoncent soutenir la transition énergétique, notamment avec l’éolien offshore, de nouveaux espaces doivent être aménagés pour que les énergies renouvelables deviennent une force motrice du territoire. Selon le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires, 49,1% de la part de consommation intérieure de l’Aude dépendait de ces énergies en 2021.